Par
Emanuele Gennai, rédacteur free-lance en technologies smart-city
Charles Hieronymi, association Spot-Solar
Alberto Susini, Fondation Communale de Versoix
Si vous habitez à Genève ou ses environs, un curieux objet, issu de l’imagination d’artistes et d’ingénieux technophiles a peut-être éveillé votre intérêt. Réalisée sous la houlette du collectif SPOT (Solar Power On Tour), cette fleur de lotus, sculpture lumineuse de quatre mètres de diamètre composée de formes géométriques métalliques et de miroirs, a été présentée durant les hivers 2022 et 2023 lors du festival « Geneva Lux » organisé par la Ville de Genève. S’agit-t-il d’un projet artistique ou d’un message subliminal ? Sans doute une combinaison des deux. Bien qu’elle se voie de loin, essayons de l’observer de plus près.
Du cycle de vie de Lotus dérive le cycle vertueux d’une consommation responsable et le concept même du développement durable.
Pour naître, croitre et s’épanouir, la fleur de lotus a besoin de beaucoup d’eau et de lumière, et d’un environnement engageant. Fragile et délicate, elle symbolise dans le bouddhisme la pureté, la renaissance et l’illumination. Il n’en fallait pas moins à SPOT pour en faire l’expression de la transition énergétique. Ce Lotus de son et de lumière, coloré par divers projecteurs LED ingénieusement disposés et habité de musique générative (1) diffusée tout au long du spectacle, reflète la force tranquille de la nature et la nécessité pour l’humain de la respecter.
Le lotus digital simule le cycle du règne végétal allant de la graine à la plante adulte avant de retourner à la terre. Son socle truffé de capteurs photovoltaïques emmagasine durant la journée dans des batteries recyclées provenant de véhicules électriques l’énergie nécessaire à son éclairage nocturne. Or, dans ces batteries l’énergie est limitée, ce qui est produit de jour suffit à l’éclairage de nuit, et ce qui est consommé la nuit appelle un nouveau cycle de génération. Production maîtrisée, consommation raisonnée. Du cycle de vie de Lotus dérive le cycle vertueux d’une consommation responsable et le concept même du développement durable.
Développé par John Baillie de BelAir Technology, Lotus fonctionne en parfaite autonomie lumineuse, sonore et mécanique. Cet ensemble cohérent et animé est réalisé par GarageCube. Ses feuilles s’ouvrent et se referment dans un mouvement perpétuel. Il s’agit toutefois aussi d’une performance artistique spectaculaire appréciée du public. Ainsi, l’art devient, ou reste pourrait on dire, présent en tant qu’élément spectaculaire certes, mais aussi en tant que partie prenante de la prise de conscience écologique. Il incarne la fusion entre la confiance en la technologie et l’espoir d’un avenir meilleur, énergétiquement parlant.
Le projet porté par SPOT est promis à un bel avenir. Après le Festival Geneva Lux, l’œuvre est présentée lors du Mapping Festival qui se tient à Genève du 12 au 28 mai. Elle accompagne une performance visuelle et musicale réalisée par Alex Burdin et Presia. Les artistes utilisent Lotus comme un instrument visuel et musical géant de performance scénique.
On retrouvera Lotus durant l'été 2023 sur nos glaciers pour attirer l'attention sur leur disparition possible et redonner espoir quant à leur survie. Une suite est également prévue avec le projet Make8elieve, qui explore le futur de Lotus dans la réalité virtuelle et le metaverse, notamment de Second Life. D'autres événements sont également en cours de planification.
Ainsi, l’art [...] incarne la fusion entre la confiance en la technologie et l’espoir d’un avenir meilleur, énergétiquement parlant.
SPOT est un collectif de cinq membres issus des métiers du design, de l'audiovisuel, de la mode et de la communication. Il vise à promouvoir les énergies renouvelables sous un angle émotionnel et éducatif. Ces artistes, designers et aventuriers sensibles aux questions environnementales ont rejoint SPOT pour nourrir la réflexion sur la problématique de réduction de l'empreinte carbone. Lotus se constitue en point d’orgue de l’oeuvre imaginée par SPOT dont l'équipe est constituée par Jeremy Obriot, Jennifer Herger et Charles Hieronymi, rejoints par John Baillie, Alex Burdin et Presia (liste non exhaustive). Les autres partenaires du projet sont le collectif d'artistes Sha22, l'agence graphique Superposition, le graphiste digital Dimitri Delcourt et le projet artistique Make8elieve mené par Michelle Marie Murphy et Baptiste Lefebvre (alias Cetusss).
Liens utiles :
(1) La musique générative est un terme popularisé par Brian Eno pour décrire une musique toujours différente et changeante créée par un système (source : Wikipedia).
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